Série de romans relatant les aventures de Morgane Tessier, dite Gougoune, une adolescente d'un optimisme à toute épreuve qui rêve de voyager partout dans le monde et de faire du journalisme humanitaire pour faire réfléchir les gens. En attendant, depuis que sa mère a décroché un nouveau boulot les ayant contraintes à déménager à la campagne, elle habite dans les résidences de sa nouvelle école pendant la semaine, s'implique à fond dans le journal étudiant et s'efforce d'illuminer le quotidien de ses amis, à commencer par celui de son amie Annabelle et du couple formé par Eddy et Roméo. Dans cet opus: depuis le numéro d'improvisation dans lequel Mélodie a laissé entendre que Morgane avait embrassé Enzo (cf. opus précédent), rien ne va plus entre l'héroïne et Thomas. Ce dernier a choisi de la laisser en affirmant qu'elle mérite mieux que le garçon sans cesse en colère qu'il est devenu au cours de la dernière année et qu'il devait essayer de retrouver ses parents biologiques. Ceci avant de couper tous les liens et de ne répondre à aucun de ses messages. Dévastée, Morgane abandonne son poste au journal scolaire et passe son temps à broyer du noir. Comme si ce n'était pas assez, Enzo lui avoue qu'il est amoureux d'elle et Derek fait de même, lui qui est de retour après de longs mois d'absence. Consciente qu'elle n'est pas prête à se réinvestir dans une relation amoureuse pour l'instant, Morgane se lance dans un grand projet pour se changer les idées: organiser un voyage-surprise en France pour son amie Cassandre et elle-même. Elle a beaucoup à faire pour convaincre les parents et amasser les fonds nécessaires. [SDM].

Un roman miroir qui aborde les traditionnelles préoccupations propres au genre, et ce, avec une légèreté pétillante que l'on doit principalement au caractère de la narratrice: une adolescente passionnée, engagée, fonceuse, sûre d'elle-même et ardente défenderesse du règne animal, qui possède un furet, n'a aucun mal à faire sa place, assume parfaitement ses goûts excentriques en matière de mode, entretient une excellente relation avec sa mère et ne recule devant rien pour faire valoir ses convictions écologiques, notamment en assistant ici au bal des finissants avec une tenue recyclée. Sans renier les amies qu'elle a laissées derrière (avec qui elle correspond toujours par textos), Morgane mord dans la vie à pleines dents et va constamment de l'avant, offrant un portrait inspirant et positif de l'adolescence tout en livrant un message de tolérance et de respect portant notamment sur l'homosexualité avec le couple formé par Eddy et Roméo. Ce qui ne l'empêche pas ici de connaître de nombreux et longs épisodes de déprime et de questionnements. Une mention spéciale pour Enzo, l'ami attentif, généreux et terriblement attentionné, qui l'épaule et fait des pieds et des mains pour la rendre heureuse sans rien demander en retour, laissant la chance à Morgane d'apprendre à le connaître et à l'apprécier jusqu'à ce qu'elle le choisisse finalement au détriment de Thomas, qui revient après des mois passés sans donner de nouvelles, convaincu qu'elle l'a attendu. L'ensemble, qui demeure extrêmement classique, est rédigé dans un style très simple et une langue populaire qui se veut le reflet de celle des jeunes d'aujourd'hui avec ses superlatifs et ses phrases émaillées de termes en anglais ("C'est good", "All right", "Tu me prends pour un inculte, or what?", etc.). Le roman fait par ailleurs la belle place aux longs échanges de textos et à des pensées mises en exergue dans de gros nuages. Une lecture facile qui ne révolutionne pas le genre, mais dans laquelle se reconnaîtront sans mal les lectrices à qui elle se destine. Soulignons toutefois le moyen un peu douteux auquel l'héroïne recourt afin d'amasser des fonds, c'est-à-dire de vendre des billets à des gens désireux de passer une soirée avec elle. C'est Enzo qui remporte le concours en achetant tous les billets (pour un montant total de 500$!), mais ce projet, contre lequel on ne met pas suffisamment en garde les lectrices, pourrait avoir des conséquences catastrophiques s'il était transposé par ces dernières dans la réalité. [SDM].